Cette entreprise belge qui décontamine le courrier de la Maison Blanche

Sylvain Malcorps
La Maison Blanche, Washington D.C (Photo: Trevor McGoldrick/ juillet 2012/ Flickr-CC)
Het Witte Huis. (Photo: Trevor McGoldrick/ juillet 2012/ Flickr-CC)

La particularité de l’anthrax, c'est que c'est une bactérie hyper résistante. Dans le cas des attaques de 2001, on la retrouvait sous forme de spores, très fins. Le soucis était qu'envoyés par courrier, ces spores pouvaient passer à travers les enveloppes et contaminer l'ensemble de la chaîne de tri du courrier.

Cet homme à la communication structurée, c'est Philippe Dethier, le directeur marketing d' IBA, une entreprise belge principalement active dans le développement de matériel médical de haute technologie. Avec un coup de pouce du hasard, son entreprise s'est retrouvée impliquée dans la résolution de ce dossier sensible.

Courriers empoisonnés

En 2001, les courriers contaminés avaient été envoyés depuis les Etats-Unis à destination de journalistes, d'entreprises de médias et de bureaux politiques américains.

Sur base des informations rassemblées par la radio publique américaine NPR, voici une ligne du temps retraçant l'enchaînement des principaux évènements liés à ces attaques à l'anthrax, depuis l'envoi des premiers courriers contaminés le 18 septembre 2001.

[Pour la parcourir, cliquez sur les flèches à gauche et droit du cadre:]

 

Philippe Dethier :

Ces envois ont eu de lourds impacts sur la logistique générale du traitement du courrier aux États-Unis: des centres de tris ont été fermés durant plusieurs semaines, des tonnes de lettres et d'enveloppes ont été mises sous quarantaine. Nous étions en pleine période de crise. La Poste américaine, la sécurité nationale: tout le monde s'est mis à rechercher des méthodes afin de décontaminer le courrier. Ils ont testé le rayonnement ultra-violet, des traitements chimiques, radioactifs. Ainsi qu'une de nos technologies: un générateur à rayons.

Envoyez les rayons

En 2001, IBA possède un centre de traitement spécialisé dans la décontamination et la stérilisation de produits médicaux, d'aliments sur la Côte Est américaine. Dénommée Sterigenics, cette entreprise se situe dans la grande banlieue de Philadelphie, pile-poil entre New-York et Washington.

Si IBA s'est séparé de l'entreprise aujourd'hui, le centre Sterigenics de Philadelphie possède toujours en son sein plusieurs appareils développés par l'entreprise belge: des générateurs de rayons à électrons et de rayons X, "le Rhodotron".

Son principe? En exposant des produits à une dose suffisamment importante de ces rayons, ces derniers tuent les bactéries présentes en altérant directement leur ADN. Le phénomène n'est pas visible à l'oeil nu, mais cette vidéo vous montre comment la chaîne de traitement automatique des produits fonctionne (à partir de 1 min 40)

 

Philippe Dethier:

Les autorités américaine ont testé notre procédé de stérilisation. Il a fallu qu'on adapte la dose de rayons envoyés: elle devait être suffisamment élevée pour détruire l'anthrax, qui est une bactérie très résistante. Mais pas trop non plus, sinon on risquait d'altérer sérieusement les courriers. Au final, c'est notre procédé qui s'est imposé face à tous les autres testés par les Américains, en particulier face aux processus utilisant une source radioactive. Le Rhodotron fonctionne grâce à une source électrique et pour un même résultat, la dose de rayons à envoyer est moins importante.

Congrès et Maison Blanche

La position géographique du centre de traitement Sterigenics proche de Philadelphie aura très certainement joué également un rôle dans l'acquisition de ce marché particulier. L'envoi des courriers contaminés s'était fait depuis Princeton, dans le New Jersey, et avait touché des centres postaux, des médias et des bâtiments d'Etat dans une zone entre New-York et Washington D.C.

 

Situé au milieu de cet axe, la situation de l'entreprise allait offrir certains avantages à la poste américaine. Durant la période de crise de 2001, de grandes quantités de courriers placés en quarantaine ont été traités sur leur site.

Et depuis, cette collaboration avec les autorités et la poste américaine perdurent. Aujourd'hui encore, le courrier à destination des administrations américaines, du Congrès et de la Maison Blanche sont désinfectés préventivement par le Rhodotron belge.

 

La Maison Blanche, Washington D.C (Photo: Trevor McGoldrick/ juillet 2012/ Flickr-CC)
La Maison Blanche, Washington D.C (Photo: Trevor McGoldrick/ juillet 2012/ Flickr-CC)

 

 

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