Le slogan de la ville d'Anvers, ou la maladroite stratégie politique de De Wever

Tom Cochez
Bart de Wever (Photo: Thomas Geuens, juin 2009)
Bart de Wever (Photo: Thomas Geuens, juin 2009)

A quatre petites semaines des élections communales du 14 octobre 2012, on pourrait parfois avoir l'impression que seule la ville d'Anvers s’apprête à voter. Pas un week-end ne passe sans qu'un nouveau sondage n'apparaisse, ayant pour focus la compétition entre Bart De Wever et Patrick Janssens. A la question "Qui doit devenir le prochain bourgmestre d'Anvers", les sondeurs limitent eux-mêmes les choix entre De Wever et Janssens "car les autres prétendants n'ont aucune chance".

Bart de Wever (Photo: Thomas Geuens, juin 2009)
Bart de Wever (Photo: Thomas Geuens, juin 2009/flickr)

De cette manière, les deux candidats bourgmestre ont ce qu'ils veulent: une bataille électorale complètement polarisée autour d'eux, dans laquelle aucun des autres partis ne peut jouer un rôle significatif.

Polarisation

Si Bart De Wever et Patrick Janssens s'opposent dans la bataille, leurs propositions, notamment en matière de gestion de la ville, ne les diffèrent pas tant que cela. Mais cette réalité ne correspond pas à celle soigneusement élaborée par les médias, car la polarisation est nécessaire afin de maintenir le focus sur une lutte entre deux personnages. On peut sincèrement douter des apports positifs de cette pratique pour la démocratie et la qualité des débats, pour ce qui est des chiffres d'audience et la publicité faite aux politiciciens, cela s'apparente à une bénédiction.

Le week-end du 15 septembre dernier nous a d'ailleurs offert un bel exemple de cette polarisation. Pour Bart De Wever, "Is het stad niet van iedereen"- La ville n'appartient pas à tous, en référence au slogan de la ville d'Anvers imaginé durant le mayorat de Patrick Janssens, actuel bourgmestre de la ville. Difficile de ne pas voir ici un cas de récupération politique de la part du président de la NV-A à la suite de la manifestation de Borgerhout, ce que n'a pas tardé à faire remarquer Patrick Janssens quelques heures plus tard.

Il semblerait que pour le coup, Bart De Wever ait fait un choix stratégique pouvant l'handicaper durant la dernière ligne droite. D'abord, parce qu'avec cette critique du slogan de la ville, il s'attaque à un terrain que Patrick Janssens maîtrise comme peu d'autres: la communication (de la ville). Et ensuite, si aujourd'hui personne en Flandre ne peut supplanter Bart De Wever le débatteur, il en va de même pour Patrick Janssens en ce qui concerne la mise en forme et en image. En s'aventurant dans ce domaine, De Wever choisit un mauvais combat.

"L'Elio 1er" de la ville

Si le focus de l'élection à Anvers se porte sur le gouvernement d'Elio 1er, Bart De Wever deviendra bourgmestre de la ville. Si c'est la question de la gestion de la ville qui prend le dessus, Patrick Janssens gagnera.

Ce qui apparaît étrange, c'est qu'avec cette attaque contre le slogan de la ville, Bart De Wever amène la combat dans l'arène préférée de Patrick Janssens. Pourquoi? En agissant ainsi, il espère écrémer d'avantage le marché des électeurs potentiels du Vlaams Belang (VB). L'électorat rétrécit du VB apprécie les déclarations dures et fortes, et Bart De Wever leur en a ainsi offert un beau numéro. Sans oublier de noter que les positions du Vlaams Belang glissant de plus en plus vers l'extrême droite laissent un nouveau champ libre pour la NV-A.

Mais ce nouvel espace de chasse a aussi ses inconvénients: la NV-A séduit également les électeurs centristes, et elle sait aussi comment en glissant trop vers la droite, il devient difficile de les retenir. Bart De Wever est bien conscient que le choix de ces derniers pourrait alors se tourner vers le CD&V, et renforcer ainsi Patrick Janssens puisque les socialistes et les chrétiens flamands sont associés pour cette élection.

Incidents médiatiques

 Si le focus de l'élection à Anvers se porte sur le gouvernement d'Elio 1er, Bart De Wever deviendra bourgmestre de la ville. Si c'est la question de la gestion de la ville qui prend le dessus, Patrick Janssens gagnera 

Depuis quelques mois, la NV-A se profile de plus en plus à droite sur l'échiquier politique. Cela se remarque notamment au travers de leurs communiqués de presse, ainsi qu'au regard du choix des thématiques qu'ils abordent (l'asile, les étrangers, ...). Le transfert d'un nombre important d'anciens membres du Vlaams Belang n'y est d'ailleurs pas étranger.

En parallèle à ce phénomène, les discours journalistiques entourant le parti ont changés. Il est difficile d'en estimer la mesure, mais quelques "incidents médiatiques" touchant la NV-A ont eu lieu depuis le printemps 2012. L'affaire Pol Van Den Driessche, les critiques acerbes de De Wever à l'encontre des médias publiées sur Apache et les remous causés par le transfert de l'ex-Vlaams Belang Jurgen Ceder.

Ces évènements ont pris place dans la foulée de la formation du gouvernement Elio 1er et l'écartement de la NV-A. Pendant longtemps, la vision du parti nationaliste sur les négociations gouvernementales était reprise par bon nombre de leaders d'opinion flamand, jusqu'à ce que la NV-A quitte la table et que sa bonne parole soit critiquée. S'en est suivi la spectaculaire transformation physique de Bart De Wever, s'accompagnant d'un changement de ton notable comme on peut le constater dans le quotidien De Standaard: en perdant ses kilos, De Wever a également perdu son sens de l'humour au profit d'une certaine aigreur.

Cette image est peut-être grotesque, mais elle est inhérente à la séduction d'une partie de l'électorat très à droite. Et Patrick Janssens ne manquera certainement pas de le rappeller dans les semaines à venir.

Traduction réalisée par Sylvain Malcorps. La version néerlandaise et originale de cet article est consultable ici.

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