Il y a 20 ans, c'était des Flamands d'extrême-droite qui partaient se battre en Yougoslavie

Tom Cochez
Een dossier in Stern over extreemrechtse huurlingen in Kroatië werd geïllustreerd met deze foto
Een dossier in Stern over extreemrechtse huurlingen in Kroatië werd geïllustreerd met deze foto
Screenshot reportage Neo-Nazis in Croatian Army
Capture d'écran du reportage "Le combat croate",

Avril 1992. Les hautes sphères anversoises du Vlaams Belang, encore dénommé Vlaams Blok à l'époque, organisent une soirée spéciale "Croatie". Le parti d'extrême-droite flamand s'affiche alors comme l'organisateur de l'évènement, jusqu'à ce que le quotidien Het Nieuwsblad ne l'épingle et le pousse à faire marche arrière. C'est au Voorpost, organisation d'extrême-droite flamande et néerlandaise bâtie sur les cendres de la structure paramilitaire VMO interdite par la loi, d'en reprendre les rennes.

Karl Van den Broeck, journaliste, y était. Il suivait à l'époque le Vlaams Blok pour le journal De Morgen:

Filip Dewinter et le sénateur Vlaams Blok de l'époque Wim Verreycken y étaient. Durant la soirée, un certain Douwe van de Bos, un militant du Voorpost, a diffusé une vidéo dans laquelle on le voyait en action, accompagné de ses mercenaires. Une fiche de présences circulait dans la salle. Les personnes pouvaient s'y inscrire afin de recevoir de plus amples informations. Deux jours plus tard, le même Douwe van der Bos était invité au quartier général anversois du Vlaams Blok.

Parvenir à savoir si le Vlaams Blok (VB) a effectivement recruté des mercenaires, tout en apportant un soutien militaire aux troupes de combattants volontaires croates, demeure une question très sensible.

Pourtant, dans les pages du Morgen de l'époque, le président des jeunes du Vlaams Blok (VBJ) affirmait que pour autant qu'il sache: "huit jeunes flamands étaient partis en Croatie pour prendre les armes". Une déclaration qu'il ravala quelques temps plus tard face au journal Het Nieuwsblad, se mettant ainsi au diapason des déclarations de Filip Dewinter niant la présence en Croatie de mercenaires recrutés par le parti.

Pour comprendre comment la Croatie a été un pôle d'attraction pour des néonazis d'Europe, il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale

Par contre, ce qui apparaît comme certain, c'est que le Vlaams Blok a bien soutenu la lutte croate, notamment en descendant régulièrement jusque Zagreb. Jan Huybrechts, ancien président des VBJ, a voyagé à plusieurs reprises jusqu'en Croatie. Et il existe également cette photo où Filip Dewinter, Francis van den Eynde et le sénateur Wim Verreycken posent fièrement devant un tank. Sans oublier les récoltes de fonds et de matériel organisées par le Voorpost et Volk In Nood, à destination des combattants croates

Douwe Van der Bos

Il existe peu de documents en Belgique concernant ces jeunes partis se battre en Croatie. A l'inverse des Pays-Bas, où Douwe Van der Bos de la "soirée Croatie", est allé jusqu'à acheter des espaces publicitaires dans le journal De Telegraaf afin de recruter de nouveaux compagnons de lutte.

Een dossier in Stern over extreemrechtse huurlingen in Kroatië werd geïllustreerd met deze foto
Un dossier dans le magazine Stern au sujet des milices d'extrême-droite en Croatie.

Van der Bos a toujours évolué dans ces milieux de la droite extrême: ancienne tête de liste du "Centre des démocrates néerlandais" (CD) et ancien membre du conseil d'administration du "Parti du centre", deux partis d'extrême-droite avec lesquels le Vlaams Blok a entretenu de bonnes relations. Sans oublier ses activités dans la sphère du Voorpost.

Les faits veulent que Van der Bos ait combattu aux côtés des célèbres Forces de défense croates (HOS), le bras armé du très radical "Parti croate des droits" (HSP).

D'autres néerlandais ont combattu à l'époque aux côtés des Croates, comme le montre le documentaire "Soldaat in den vreemde" - "Soldat à l'étranger". Ce document suit essentiellement le parcours de Johan Tilder, qui se serait rendu coupable de nettoyage ethnique, assassinat et actes de torture. Finalement attrapé par les Serbes, il a été abattu lors d'une tentative d'évasion.

Néonazis européens en Croatie

Le fait que la Croatie ait été un pôle d'attraction pour un nombre important de néonazis de Flandre et des Pays-Bas n'a en réalité rien d'étonnant. Durant la Seconde Guerre mondiale, les Oustachis croates – un mouvement séparatiste, antisémite et fasciste – s'étaient battus aux côtés des SS d'Hitler. Ils étaient craints pour les atrocités qu'ils commettaient.

La guerre en Yougoslavie des années nonante a vu réapparaître la symbolique des Oustachis, inspirant des milices extrémistes aux affinités nazies. Des effigies du mythique chef de file oustachi Ante Pavelic ornait les quartiers généraux de ces milices.

Le reportage "Le combat croate" réalisé par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel montre comment, à l'image de ce qui se passe en Syrie aujourd'hui, certains ont convaincu de jeunes néonazis français, allemands, anglais et autrichiens à aller se battre sur le front en Yougoslavie.

Ces séquences donnent à voir une petite armée de mercenaires (non rémunérés), composée de jeunes hommes portant des uniformes nazis faits maison, recourant à l'iconographie nazie et témoignant des raisons de leur présence sur place. Des images qui rappellent celles nous parvenant aujourd'hui de Syrie.

Ces jeunes apparaissent souvent comme ayant été exclus dans leurs propres pays, avant d'entrer en contact avec la criminalité. Le front, le combat leur apporte un but, une chance de devenir un héros. Le tout dans un esprit de camaraderie. Mais ces témoignages d'ex-mercenaires nous apprennent autre chose: beaucoup d'entre eux sont partis avec un certain idéalisme comme étendard. Jusqu'à ce qu'une fois sur place, confrontés aux réalités de la guerre, ces idéaux disparaissent rapidement.

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Tom Cochez / 25-06-2013

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