Gérer Namur, la capitale de la Wallonie sans le PS, ça donne quoi?

Pierre Jassogne
Point de vue sur la ville de Namur. (Photo: Frederica Piersimoni, août 2012/flickr)
Point de vue sur la ville de Namur. (Photo: Frederica Piersimoni, août 2012/flickr)
Point de vue sur la ville de Namur. (Photo: Frederica Piersimoni, août 2012/flickr)
Point de vue sur la ville de Namur. (Photo: Frederica Piersimoni, août 2012/flickr)

Pourtant, et si l'on en croit les derniers sondages, le PS reste toujours le premier parti à Namur et il le sera sans doute encore en 2012, même si le cdH fera tout pour conserver le mayorat de la capitale wallonne. Durant cette législature, les tensions ont été nombreuses entre la majorité et le PS. D'ailleurs, pour les trois partis de la majorité actuelle, Namur est passée à côté de nombreux subsides auprès de la Région wallonne parce que la PS n'était pas au pouvoir dans la capitale.

Selon Maxime Prévot (cdH), bourgmestre de Namur depuis mars 2012, en remplacement de Jacques Étienne, les difficultés ont été fréquentes.

"Il y a des moments où l'on sent qu'on est ralenti dans la concrétisation de certains projets namurois, du fait qu'on ait osé en 2006 ce crime de lèse majesté de ne pas confier au PS un rôle quelconque dans la majorité namuroise.

Par exemple, ce fut le cas au début de la législature quand Michel Daerden (PS) était ministre des sports, Frédéric Laloux, ancien échevin de la Ville, travaillait dans son cabinet. Le hasard faisait que les dossiers namurois peinaient à trouver des subsides pour le financement de halls de sport. J'ai donc dû jouer au rapport de force auprès d'André Antoine (cdH), alors ministre de l'aménagement du territoire, pour bloquer des permis d'urbanisme sur la commune d'Ans, commune que dirigeait Michel Daerden."

Il n'y a pas que le PS en Wallonie

On a payé cher le fait que Namur ne soit plus socialiste. Là où ils ont pu mettre des bâtons dans les roues, ils l'ont fait.

Même constat pour Arnaud Gavroy (Ecolo). Selon lui, Namur a été mise à l'écart par le PS durant cette législature:

"On a payé cher le fait que Namur ne soit plus socialiste. Il y a eu un mot d'ordre, surtout au début de la législature. Là où les socialistes ont pu mettre des bâtons dans les roues, ils l'ont fait. Plusieurs dossiers ont été arrêtés par le PS. On se souviendra de la demande de fonds structurels européens où aucun dossier namurois n'a été retenu. Il y avait une volonté claire de ne pas nous soutenir, je l'ai appris du PS lui-même. Mais bon, il n'y a pas que le PS en Wallonie, il y a moyen de faire des choses sans ce parti."

À la veille des élections communales du 14 octobre prochain, le premier échevin écologiste souhaite la reconduite de la majorité actuelle. Il lance même un avertissement à ses partenaires de coalition:

"Il y a un enjeu pour cette élection, c'est clairement est-ce que Namur va continuer sans le PS ou pas. Si un parti de la majorité fait une alliance avec le PS, il donne un mauvais signal à la Wallonie de dire qu'on ne sait pas gouverner une grande ville wallonne sans les socialistes. Le parti qui donnera ce signal, ce sera catastrophique parce qu'il démontrera une bonne fois pour toute que les grandes villes wallonnes ne savent pas faire sans le PS."

Et ce parti prêt à s'associer au PS pourrait être le MR, un parti divisé entre la reconduite de la majorité actuelle et une alliance avec les socialistes comme en 2000. Mais pour Anne Barzin, tête de liste MR et échevine des finances, tout dépendra des résultats du parti libéral à Namur.

"Une tripartie peut avoir des aspects plus compliqués, c'est vrai, mais une bipartite aussi, surtout quand les deux partenaires n'ont pas le même poids politique. Ce qui nous intéresse, c'est le projet qu'on pourra mener pour la ville, les attributions qu'on pourrait avoir, la capacité de peser vraiment notamment sur l'urbanisme ou la mobilité."

2006, un accident de parcours pour le PS

Du côté de l'opposition socialiste, on réfute totalement le fait que Namur ait été mise à l'écart par le PS. C'est ce qu'avance Olivier Rubay, le porte-parole de la tête de liste PS à la ville, Éliane Tillieux. La ministre wallonne de l'action sociale n'ayant pas souhaité répondre elle-même à nos questions.

Elio Di Rupo et Eliane Tillieux lors d'une visite à Profondeville. (Photo: Compte Elio Di Rupo, juin 2012/flickr)
Elio Di Rupo et Eliane Tillieux lors d'une visite à Profondeville. (Photo: Compte d'Elio Di Rupo, juin 2012/flickr)

"2006 a été un accident de parcours pour le PS, et il faut arrêter de stigmatiser notre parti avec ce qui s'est passé lors de l'affaire SOTEGEC. En aucun cas, nous n'avons jamais bloqué un dossier de la Ville de Namur. Ce qu'on constate, il y a des subsides non obtenus parce que les dossiers namurois étaient mal ficelés.

Depuis qu’Éliane Tillieux est ministre, en 2009, la porte a toujours été ouverte, et on n'a jamais vu personne. Pour certains dossiers comme l'aménagement du quartier de la gare de Namur, elle a soutenu ce projet, même si elle ne l'approuve pas. Pendant cinq ans, le cdH a été moribond avec Jacques Étienne, le roi fainéant. Il a fallu que l'on s'approche des élections et que Maxime Prévot devienne bourgmestre pour que Namur se réveille."

Pour le PS namurois, l'objectif des élections du 14 octobre prochain est de conserver son leadership à la ville, et même de l'augmenter. Actuellement, le PS est le premier parti dans capitale wallonne avec 15 sièges au conseil communal, contre 13 pour le cdH.

Tous les scénarios sont possibles

En terme de visibilité, de présence médiatique, d'impact: perdre Namur serait catastrophique pour le cdH

A quelques jours du scrutin, tous les scénarios sont donc possibles à Namur: le PS veut revenir au pouvoir tandis que le cdH fera tout pour conserver son mayorat dans une grande ville de Wallonie. Maxime Prévot, tête de liste humaniste et bourgmestre sortant:

"C'est clair que Namur est un enjeu pour le cdH. Le changement de bourgmestre au début de cette année, c'était un changement de génération, un changement de dynamique pour permettre au cdH de conserver la capitale wallonne."

Du côté des observateurs de la vie politique namuroise, journalistes comme politologues, on suivra de très près les résultats du 14 octobre prochain. Le politologue Pascal Delwit voit dans cette élection un enjeu très important pour le cdH tout entier :

"En terme de visibilité, de présence médiatique, d'impact: perdre Namur serait catastrophique pour le cdH." (Ecouter le son)

Pour Jean-François Paco, chef d'édition du journal L'Avenir, la campagne électorale est restée jusqu'ici très feutrée. "Elle est même très peu agressive. Le programme du PS critique très, très peu au fond les résultats de la majorité sortante. Il faut vraiment aller dans les détails pour trouver des critiques." Selon lui, une majorité sans le PS dans la capitale de la Wallonie est tout à fait possible.

"On sait gérer une ville comme Namur sans les socialistes. Même si au début de la législature, les relations entre la majorité actuelle et le PS ont été très tendues. C'est vrai que c'était un fait historique que Namur ne soit plus dirigée par les socialistes.

Le PS a eu beaucoup de mal à l'avaler et la nouvelle majorité a suspecté certains socialistes de faire de l'obstruction systématique, un peu par vengeance, et donc de porter des difficultés pour l'octroi de subsides. Cela s'est vérifié dans le dossier des fonds structurels européens Namur n'a rien eu alors que des villes socialistes de la Province de Namur en ont reçus."

Un manque de leadership au PS

Pour le journaliste namurois, ces tensions ont disparu au fil des ans, notamment par le fait qu’Éliane Tillieux est devenue ministre.

"Elle a joué le jeu et elle n'a pas voulu casser à la région ce qui se décidait à la Ville. Mais pendant les premières années d'opposition du PS, le parti a essayé de renforcer sa position à Namur, notamment en mettant à l'avant-plan des personnalités socialistes namuroises. Ce fut le cas de Frédéric Laloux qu'on a bombardé au fédéral. Résultat, ce fut un fiasco total. Il est resté ministre un mois et aujourd'hui, il se retrouve dernier sur la liste aux élections communales."

Jean-Benoît Pilet, politologue à l'ULB et directeur du Cevipol, a consacré une étude sur la vie politique namuroise. Il fait le même constat que Jean-François Paco. Durant cette législature, le PS a clairement manqué de leadership à Namur:

"On était dans une configuration où le PS était bousculé par les affaires. On ne peut pas dire qu'il était en mesure de faire de l'obstruction à Namur. Le parti a donc eu besoin de se construire un nouveau leadership. Le problème, c'est que les socialistes ont mis beaucoup de temps à le trouver et que le PS s'y est mis un peu tard pour qu'il y ait aujourd'hui un leadership incontestable et incontesté en la personne d’Éliane Tillieux.

Au final, elle s'est imposée en devenant la seule femme ministre du gouvernement wallon, mais on ne peut pas dire qu'elle a été jusqu'ici très visible. Que se passera-t-il si un autre candidat socialiste comme Frédéric Laloux par exemple fait un meilleur score qu’Éliane Tillieux?"

Namur, une ville laboratoire

Toujours selon le politologue, Namur est une ville laboratoire:

"C'est la plus grosse ville de Wallonie où il y a autant de suspense. Pour le cdH, Namur est l'enjeu principal de ces élections. Si le cdH perd Namur, le parti se retrouvera cantonné à des zones rurales ou à des villes de taille moyenne comme Bastogne ou Mouscron.

C'est aussi une ville intéressante à analyser parce qu'il y a à Namur des vraies questions idéologiques sur le type de société qu'on veut avoir en Wallonie. On a vu émerger des choses intéressantes à analyser, notamment avec l'arrivée d’Ecolo qui avait adopté des positions très différentes par rapport à ce qui se faisait avant en matière d'aménagement du territoire."

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