"Comme si un confédéralisme belge allait mieux marcher que le bazar actuel"

David Charlier
Le clocher de Bas-Warneton, dans le Hainaut (Photo: Bruno Parmentier/ Août 2009/ Flickr-CC)
Le clocher de Bas-Warneton, dans le Hainaut (Photo: Bruno Parmentier/ Août 2009/ Flickr-CC)
Le clocher de Bas-Warneton, dans le Hainaut (Photo: Bruno Parmentier/ Août 2009/ Flickr-CC)
Le clocher de Bas-Warneton, dans le Hainaut (Photo: Bruno Parmentier/ Août 2009/ Flickr-CC)

Le Belge aime se croire supérieur à ses compatriotes. Penser que ce qu’il fait lui-même, il le fera mieux que les autres est un sport national. Je ne vise pas (uniquement) les flaminguants, je pense que nous sommes tous atteins du même mal.

Je lis dans la presse que Mini Europe va disparaître pour laisser la place à des centres commerciaux. Il s’agit d’un projet de la ville de Bruxelles pour revitaliser les quartiers du nord. Oui mais. Absence totale de concertation et de coopération avec les autres niveaux de pouvoirs, c’est trois centres commerciaux vendant plus que probablement les mêmes produits qui ont reçu les autorisations publiques dans et autour de Bruxelles.

Y a-t-il donc tant de consommateurs potentiels? Il n’est pas certain que ces trois machins verront le jour mais l’argent dépensé dans toutes ces études et ces crêpages de chignons en étonnerait plus d’un.

Pays du bourgmestre roi

A se demander si le projet d'un RER est transposable au pays du bourgmestre roi

L’idée du Réseau Express Régional (le RER) est d’amoindrir les embouteillages à Bruxelles dû aux centaines de milliers de navetteurs qui s’y déplacent chaque semaine. Inspiré du réseau reliant Paris à sa banlieue, le projet est ambitieux. Mais voilà, en Belgique l’esprit de clocher est roi. Chaque petite commune a son mot à dire.

Certaines refusent net la construction de la ligne, d’autres veulent avoir leur propre station à l’endroit où elles le décident et pas ailleurs. Le résultat? Alors que l’objectif du RER est de rallier rapidement le centre de Bruxelles à sa périphérie éloignée, il risque de ressembler à un omnibus. A se demander si ce projet, pensé dans une France où l’Etat peut exproprier et passer outre les intérêts particuliers, est transposable au pays du bourgmestre roi.

La paranoïa communautaire s’y mêle aussi: côté flamand, le réseau favoriserait naturellement l’expansion de Bruxelles et donc des francophones alors que côté francophone certains rejettent la responsabilité des retards sur les Flamands, en soulignant que les plaintes viennent de Flandres (tout en oubliant de préciser que plusieurs bourgmestres francophones participent activement à la fronde). Et nous voilà avec … 13 ans de retard, au minimum.

Combat de coqs

On a parfois qualifié le gouvernement wallon de 'super conseil communal'

Repassons aussi sur le cas très (trop) connu de Bruxelles et de ses 19 baronnies où l’un des jeux favori consiste à mettre une rue en sens unique ou à la remplir de casses-vitesse pour assurer la tranquillité de ses administrés… avec pour effet de détourner la circulation vers la communes voisine. Le cas de la Wallonie est moins connu mais tout aussi révélateur.

On a parfois qualifié le gouvernement wallon de "super conseil communal", principalement constitué de bourgmestres et d’échevins. Au niveau du gouvernement wallon, on ne peut comprendre le positionnement des différents ministres si l’on n'a pas en tête, outre leur étiquette partisane, leur province d’élection (voire dans le cas du Hainaut leur ville ou circonsription d’origine, Mons n’est ni Charleroi ni Tournai).

Ainsi les opposistions récurrentes entre Jean-Claude Marcourt et André Antoine au sujet de l’implatation du centre sportif de haut niveau (à Louvain-la-Neuve ou à Liège?) en est une illustration. Pensons aussi au projet de décret redéfinissant le paysage de l’enseignement universitaire, ce n’est de nouveau pas seulement une opposition entre un socialiste et un humaniste c’est (aussi) une opposition entre un Liégeois et un Brabançon.

Le fait est que chez nous, il n’y a plus vraiment d’Etat fort (y en a-t-il jamais eu d’ailleurs?). Entendez, d’Etat ayant le pouvoir de faire passer l’intérêt général avant les intérêts communaux ou communautaires (communautaristes ?). A la place, ce sont des combats de coqs permanents entre les communes et les communautés qui ne sont, finalement, que des clochers de plus grandes tailles.

Avec l'aide de Vincent Laborderie (Ucl)

Cet article d'opinion de David Charlier, blogueur et fraîchement diplômé en Sciences Politique, est issu d'une collaboration avec Apache.be. Vous pouvez également retrouver David Charlier sur son propre blog.

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